La silice ne présente un danger que dans la mesure où l'on trouve en suspension dans l'air des particules de silice assez fines pour qu'elles puissent être inhalées (on les qualifie alors de « respirables »). La prévention des dangers associés à une exposition à la silice suppose donc une stratégie à trois volets :

  • prévenir la contamination de l'air sur le lieu de travail par de la poussière de silice;
  • éliminer la poussière de silice qui contamine l'air;
  • s'il y a de la poussière de silice en suspension dans l'air, prévenir son inhalation par les travailleuses et les travailleurs.

Si l'on veut éviter l'inhalation de la silice, les précautions suivantes s'imposent :

  • mesures d'ingénierie;
  • pratiques de travail et d'hygiène;
  • recours à des appareils respiratoires et à un équipement de protection individuelle;
  • formation.

Toutefois, malgré l'adoption de mesures appropriées pour réduire les risques d'exposition professionnelle à la silice, il peut arriver que des travailleuses ou travailleurs soient affectés par une telle exposition. Il est donc important de prévoir des examens médicaux réguliers, afin de déterminer si les précautions prises sont efficaces ou si les travailleuses et travailleurs souffrent d'éventuelles affections attribuables à une exposition à la silice. Cette précaution additionnelle, qu'il est convenu d'appeler une surveillance médicale (voir l'annexe 1), peut être considérée une méthode de dépistage précoce et de prévention de la silicose.

4.1 Les mesures d'ingénierie

Les mesures d'ingénierie sont autant de façons de concevoir ou d'adapter le matériel, les installations de ventilation et les procédés employés sur le lieu de travail de sorte à réduire au maximum la concentration d'une substance dans l'air ambiant. Elles incluent :

  • les solutions de substitution,
  • l'adaptation des procédés,
  • le confinement ou l'isolation de la source d'émissions,
  • la ventilation.

Les solutions de substitution peuvent éliminer la silice de certains procédés en la remplaçant par un matériau moins toxique. Voici quelques exemples :

  • la substitution de grenaille et de gravillon, d'alumine, de grenats, de balles de céréales, de sciure de bois, d'eau sous pression élevée, de sable d'acier, de carbure de silicium ou de corindon au sable de silice comme abrasif pour décapage par projection (Nota : éviter de choisir comme abrasif de substitution ne contenant pas de silice un matériau susceptible de présenter un nouveau risque pour la santé des travailleuses et des travailleurs, comme par exemple les produits contenant de la coquille de noix qui risquent de provoquer une réaction allergique);
  • le remplacement de meules en grès par des meules utilisant comme abrasif un matériau tel que l'oxyde d'aluminium;
  • l'alimentation de fourneaux avec des briques en magnésite ou en oxyde d'aluminium, plutôt qu'avec des briques en silice.

Faute de pouvoir procéder à une telle substitution, un autre moyen de prévenir l'exposition à la silice peut être de revoir un procédé. Il est par exemple recommandé d'utiliser autant que faire se peut des procédés à l'eau pour réduire la poussière engendrée par certaines tâches, en particulier le coupage, le broyage et le forage. Une autre solution serait par exemple de modifier un procédé d'abrasion de manière à ce qu'il engendre une poussière plus grossière et donc moins dangereuse, parce qu'elle se dépose plus facilement et qu'il y a moins de risques qu'elle ne se loge dans les poumons par inhalation.

Enfin, s'il s'avère impossible de réduire l'exposition à la silice en changeant de procédé, la solution à envisager est l'isolement ou le confinement de la source de cette exposition. Une façon d'isoler les tâches poussiéreuses peut être de les effectuer dans un endroit séparé des espaces non poussiéreux et de tenir les personnes ne participant pas à ces tâches à l'écart de l'endroit en question. Si pareille isolation d'une tâche n'est pas suffisante, une autre option peut être d'aménager un espace hermétiquement clos dans lequel confiner la tâche par rapport au reste du chantier.

La ventilation est une mesure d'ingénierie consistant à éliminer l'air contaminé d'un lieu de travail et à le remplacer par de l'air filtré. Cette solution est surtout efficace lorsqu'elle sert à éliminer un contaminant là où il prend naissance au moyen de ce qu'il est convenu d'appeler la ventilation par aspiration à la source (ou ventilation locale). Les outils dont l'utilisation fait de la poussière sont souvent équipés de mécanismes pour recueillir celle-ci et éviter qu'elle ne se répande, en particulier dans l'air. Les dispositifs de nettoyage, tels que des filtres, qui éliminent véritablement la poussière, comptent parmi les composantes indispensables d'un tel mécanisme.

4.2 Les pratiques de travail et d'hygiène

Les pratiques de travail et d'hygiène sont des gestes effectués sur le lieu de travail pour réduire les risques d'exposition à la silice à partir d'aires de travail et d'autres surfaces contaminées. La silice peut aussi s'accumuler sur les mains, les vêtements et les cheveux, d'où elle peut être délogée, remise en suspension dans l'air, puis inhalée. Il est donc important que les travailleuses et les travailleurs puissent prendre une douche et se laver à la fin de leur quart. Il convient d'interdire de fumer, manger, boire ou mâcher de la gomme dans les espaces contaminés et de veiller à ce que les repas des travailleuses et des travailleurs soient rangés dans un endroit non contaminé. Le respect de bonnes pratiques de travail et d'hygiène est toujours de la plus haute importance là où il y a de la silice.

Sur tous les chantiers où les travaux engendrent de la poussière de silice, un bon programme de nettoyage et d'entretien s'impose. Les réceptacles renfermant des déchets contaminés par de la silice doivent être fermés hermétiquement pour éviter la dissémination de poussières dans l'air. La propreté des surfaces devrait être assurée soit en les lavant à l'eau, soit en utilisant un aspirateur équipé d'un filtre dit « absolu » ou « HEPA » (high efficiency particulate aerosol) à haute efficacité pour les particules en suspension dans l'air. Il est préférable d'éviter tout balayage à sec et tout nettoyage à l'air comprimé.

4.3 L'équipement de protection individuelle

L'équipement de protection individuelle comprend les vêtements protecteurs et les appareils respiratoires. Le port de vêtements protecteurs a pour but de prévenir la contamination des vêtements de ville par des matériaux contenant de la silice et le transport de la silice hors du lieu de travail. Les personnes qui travaillent sur un chantier de construction ne doivent pas porter de vêtements contaminés par des poussières de silice en rentrant chez elles, mais les nettoyer avant de partir.

Il arrive que les mesures d'ingénierie et les pratiques de travail ne puissent pas ramener la concentration de la silice à des niveaux inoffensifs, auquel cas la protection des travailleuses et des travailleurs nécessite le port d'appareils respiratoires. Dans ces circonstances, l'employeur ferait bien d'adopter un programme relatif aux appareils respiratoires. Un tel programme devrait inclure la mise au point de procédures écrites visant le choix, l'utilisation, l'entretien et l'éventuelle réparation des appareils de protection respiratoire individuelle. Certaines personnes souffrent toutefois de troubles médicaux qui rendent leur respiration difficile lorsqu'elles portent un appareil respiratoire. Quiconque peut présenter une attestation médicale d'un tel trouble devrait donc être exempté des tâches nécessitant le port d'un tel appareil.

La sélection des appareils respiratoires

Lorsque des appareils respiratoires sont fournis, ils doivent être adaptés aux circonstances dans lesquelles ils seront utilisés, et notamment à la forme de silice en suspension dans l'air et à sa concentration. Les respirateurs utilisés seront de préférence des appareils conformes aux normes de protection APF (assigned protection factor) établies par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) (disponible en anglais seulement) américain.

L'utilisation, l'entretien et la réparation des appareils respiratoires

Quelques règles s'imposent à l'égard des appareils respiratoires :

  • ils sont utilisés et entretenus conformément aux prescriptions du fabricant;
  • leur étanchéité est vérifiée avant chaque utilisation;
  • ils sont rangés dans un endroit facile d'accès, propre et sanitaire, et ce de sorte à éviter l'altération de leur efficacité ou tout autre dommage;
  • chaque appareil respiratoire est assigné à une personne en particulier et fait l'objet d'un nettoyage, d'une désinfection et d'une inspection après chaque quart durant lequel il a servi;
  • les appareils respiratoires utilisés par plusieurs personnes font l'objet d'un nettoyage, d'une désinfection et d'une inspection chaque fois qu'ils ont servi;
  • toute pièce d'un appareil respiratoire qui est endommagée ou qui a subi une détérioration est remplacée avant l'utilisation de l'appareil.

Pour de plus amples renseignements sur le choix, l'utilisation et l'entretien des respirateurs, veuillez vous référer à la norme CAN/CSA-Z94.4-F02. (Visionnement des normes de la CSA)

Idéalement, chaque appareil respiratoire devrait être assigné à une personne, en exclusivité. S'il est question que plusieurs personnes partagent un même appareil, il convient de prendre en considération les facteurs suivants avant de prendre une décision à cet égard :

  • l'impératif de veiller à ce l'appareil puisse être parfaitement ajusté en vue de son port par chacune des personnes auxquelles il est destiné;
  • les risques que le partage de l'appareil pourrait engendrer pour la santé et la sécurité des personnes concernées;
  • le préjudice injustifié que subirait l'employeur sur le plan financier, le cas échéant, s'il devait fournir un appareil respiratoire individuel à chaque travailleuse et travailleur.

Les respirateurs dotés d'un masque qui colle à la peau doivent être serrés au visage de la travailleuse ou du travailleur, de telle manière qu'aucun air vicié ne puisse s'infiltrer entre le masque et le visage. Il faut donc effectuer, pour chaque personne, un test d'ajustement du masque pour chaque type de respirateur qu'elle doit porter.

4.4 La formation

La formation est un élément important de la prévention des risques associés à l'exposition professionnelle à la silice. L'efficacité des mesures, pratiques et contrôles prévus pour prévenir pareille exposition dépend des personnes chargées de les appliquer. Il est de ce fait indispensable d'offrir aux travailleuses et travailleurs une formation portant sur ce qui suit :

  • le SIMDUT;
  • les dangers que présente la silice, y compris ses effets sur la santé et la reconnaissance des symptômes s'y rapportant;
  • les activités qui entraînent couramment une exposition à la silice;
  • les précautions à prendre en matière d'hygiène personnelle, les exigences relatives aux appareils respiratoires, de même que les mesures et les pratiques professionnelles à respecter;
  • l'utilisation, l'entretien, le nettoyage et la réparation des appareils respiratoires individuels de protection, de même que ce qu'il faut en faire lorsqu'ils ne sont plus utilisables.

Les cours de formation doivent être offerts par une personne compétente. Il peut s'agir de l'employeur ou de quelqu'un dont il retient les services à cette fin. La Loi définit une personne compétente comme étant une personne qui satisfait aux conditions suivantes :

  • elle possède, à cause de ses connaissances, de sa formation et de son expérience, les qualités nécessaires pour organiser et faire exécuter un travail;
  • elle connaît bien la Loi et les règlements qui s'appliquent au travail exécuté;
  • elle est au courant des dangers éventuels ou réels que comporte le lieu de travail pour ce qui est de la santé et de la sécurité des travailleurs.

Il s'agit d'informer la personne qui assure les fonctions de délégué à la santé et à la sécurité ou qui représente un comité mixte sur la santé et la sécurité au travail de l'heure et du lieu où les cours de formation seront donnés.

4.5 La surveillance médicale

La surveillance médicale peut servir aussi bien de mesure préventive que corrective. En soumettant les personnes exposées à la silice à des examens médicaux périodiques, accompagnés de tests cliniques, il est possible de déceler tout effet néfaste que pareille exposition pourrait avoir. Le médecin examinateur peut avertir la travailleuse ou le travailleur concerné, son employeur, de même que le comité mixte sur la santé et la sécurité au travail de tout problème d'exposition professionnelle qui aurait sinon pu passer inaperçu, ce qui devrait mener à la prise des mesures correctives qui s'imposent.

Les personnes amenées à travailler régulièrement avec de la silice devraient subir un examen médical avant l'affectation à leur emploi, y compris des radiographies et des examens fonctionnels respiratoires, suivi d'examens médicaux périodiques. Le médecin procédant à l'examen décidera de la fréquence des examens médicaux périodiques auxquels une personne sera soumise suivant l'intensité et la durée de l'exposition de celle-ci à la silice. Cette fréquence pourra varier d'une personne à une autre, mais elle ne devra pas être inférieure à un examen tous les deux ans. L'annexe 1 contient d'autres renseignements sur la surveillance médicale des travailleuses et des travailleurs exposés à la silice.