Lorsqu'un travail entraîne une éventuelle exposition à la silice, l'adoption de certaines mesures et pratiques s'impose. La nature exacte de ces mesures et pratiques variera suivant la catégorie dans laquelle s'inscrivent la ou les tâches à accomplir. Cette partie des directives esquisse d'abord les mesures et pratiques générales préconisées pour tout travail lié à la silice, puis donne des recommandations plus précises en rapport avec les tâches de catégories 1, 2 et 3.

6.1 Les mesures et pratiques générales relatives aux tâches de catégories 1, 2 et 3

Voici une liste de mesures et de pratiques générales qu'il y a lieu d'adopter pour tout travail lié à la silice:

  • Procéder à un nettoyage à la fin de chaque tâche, afin d'éviter que la poussière chargée de silice ne se propage.
  • Éviter tout balayage à sec et tout nettoyage à l'air comprimé des aires de travail.
  • Éviter d'utiliser de l'air comprimé pour dépoussiérer des vêtements.
  • Mettre des installations sanitaires équipées d'eau propre, de savon et de serviettes individuelles à la disposition de toute travailleuse et de tout travailleur exposé à de la silice.
  • Enlever la poussière de silice qui s'est déposée sur les vêtements et l'équipement de protection individuelle à l'aide d'un chiffon humide ou d'un aspirateur équipé d'un filtre HEPA.
  • Manipuler avec soin les vêtements et l'équipement de protection individuelle contaminés par la poussière de silice, afin d'éviter que la poussière ne s'en dégage et ne se retrouve de nouveau en suspension dans l'air.
  • Veiller à ce que la buanderie et les pratiques de blanchissage soient adaptées au lavage de linge contaminé par de la silice.

La préparation de l'espace de travail

L'employeur veillera à afficher des avertissements en nombre suffisant pour alerter son personnel des dangers associés à l'exposition à la silice. Il devrait au minimum y avoir une pancarte de ce genre à chaque entrée de l'espace de travail. Ces pancartes doivent pour le moins rappeler, en grosses lettres bien lisibles, que :

  1. l'espace de travail crée un risque d'exposition à de la poussière de silice;
  2. l'accès à l'espace de travail est réservé aux personnes autorisées;
  3. le port d'appareils respiratoires est obligatoire dans cet espace de travail.

Les méthodes de dépoussiérage

Il convient de réduire au maximum la production de poussière de silice en suspension dans l'air grâce à une installation de ventilation, au mouillage des matériaux générateurs de poussière ou encore à la mise en place d'un mécanisme de collecte de la poussière. Dans tous les espaces de travail où les tâches accomplies engendrent de la poussière de silice en suspension dans l'air, il y a lieu de prévoir une installation de ventilation mécanique ayant un débit d'air suffisant pour éliminer les contaminants de l'air que respirent les travailleuses et les travailleurs. Le débit d'air à prévoir pour l'installation de ventilation mécanique est au minimum de 50 pieds cubes par minute par pied carré de surface faciale (soit 0,25 m3/s de surface faciale). Toutefois, s'il s'avère qu'aucune de ces méthodes n'est praticable, la solution est d'équiper les travailleuses et les travailleurs d'appareils respiratoires pour les protéger contre l'exposition à la silice (voir le tableau 1 : Exigences en matière de respirateurs). La décision de distribuer des appareils respiratoires devra cependant être prise en tenant compte à la fois :

  • du risque que crée pour les travailleuses et les travailleurs le recours au mouillage ou à un collecteur de poussières;
  • de la probabilité d'endommagement de l'équipement en cas de recours au mouillage ou à un collecteur de poussières;
  • des normes et des spécifications auxquelles doit répondre le produit fini;
  • de la durée de la tâche et de sa fréquence.

Si de l'air comprimé est utilisé, dehors, pour déloger et enlever de la poussière chargée de silice, il faut faire en sorte que les personnes travaillant sur le chantier dans un rayon de 25 mètres de l'espace de travail et qui risquent d'être exposées à cette poussière soient éloignées de la trajectoire du nuage de poussière ou équipées d'appareils respiratoires (voir le tableau 1 : Exigences en matière de respirateurs.)

Lorsqu'un employeur a adopté des mesures de dépoussiérage efficaces et peut démontrer que les niveaux d'exposition de ses travailleuses et travailleurs sont en tout temps inférieurs aux LEP, le recours à des appareils respiratoires n'est pas nécessairement obligatoire.

6.2 Les mesures et pratiques préconisées pour les tâches de catégorie 1

Il s'agit de fournir un demi-masque respiratoire équipé d'un filtre à particules de série N, R ou P à 95, 99 ou 100 % d'efficacité à l'ensemble des travailleuses et travailleurs qui effectuent des tâches de catégorie 1. Il s'agit également de fournir des appareils respiratoires dans les situations suivantes :

  • en cas de pénétration pendant moins de 15 minutes, à des fins d'inspection ou de prélèvement d'échantillons, dans un espace où se déroulent des activités d'enlèvement de mortier à sec, alors que de la poussière est visible en suspension dans l'air.
  • pour l'accomplissement de toute tâche dans un rayon de 25 mètres d'un espace extérieur où de la poussière chargée de silice est enlevée avec de l'air comprimé.

6.3 Les mesures et pratiques préconisées pour les tâches de catégorie 2

Il s'agit de fournir un respirateur offrant un facteur de protection NIOSH APF 50 (voir le tableau 1 : Exigences en matière de respirateurs) à l'ensemble des travailleuses et travailleurs qui effectuent des tâches de catégorie 2. De plus, il convient de réduire au maximum la production de poussière chargée de silice en suspension dans l'air en mouillant bien l'espace de travail avant ou pendant les opérations de perçage ou de forage et de coupage, de même que tout au long des opérations de chargement, de raclage et de transport de roches.

Les autres travailleuses et travailleurs qui pénètrent dans une aire de travail où se déroulent des tâches de catégorie 2 ont intérêt à ne pas s'approcher de plus de 10 mètres de l'endroit où ces tâches sont exécutées. Il s'agit de mettre en place des cordons ou des barrières, de sorte à empêcher du personnel non autorisé de pénétrer dans l'aire de travail. Faute de pouvoir procéder de la sorte, si la présence d'autres travailleuses et travailleurs dans un rayon de 10 mètres est à prévoir, il convient d'isoler l'endroit où se déroulent les tâches de catégorie 2, de manière à empêcher que de la poussière chargée de silice en suspension dans l'air ne s'en échappe (voir la section 6.4.1 : Les barrières et les espaces partiellement ou entièrement clos).

6.4 Les mesures et pratiques préconisées pour les tâches de catégorie 3

La personne qui manutentionne le jet de décapage par projection d'abrasifs devrait porter un appareil respiratoire pour projection abrasive de type CE en mode de pression positive ou en mode de demande, équipé d'un demi-masque ou d'un masque serré.

Il est recommandé que l'air comprimé employé pour alimenter les appareils respiratoires à adduction d'air et pression positive soit conforme aux exigences de pureté visant l'air comprimé respirable établies dans la norme CAN/CSA Z180.1-F00. (Visionnement des normes de la CSA) En cas de recours à un compresseur lubrifié à l'huile pour l'adduction de l'air respirable, il s'agit d'y associer un dispositif de détection continue de monoxyde de carbone.

Tant qu'un décapage par projection d'abrasifs est en cours ou que la poussière en suspension dans l'air engendrée par un tel décapage est visible :

  • toute personne pénétrant pendant moins de 15 minutes dans l'aire de travail où le décapage se déroule à des fins d'inspection ou de prélèvement d'échantillons, voire les deux, a intérêt à porter un demi-masque respiratoire équipé d'un filtre à particules de série N, R ou P à 95, 99 ou 100 % d'efficacité;
  • toute personne pénétrant pendant plus de 15 minutes dans l'aire de travail où le décapage se déroule a intérêt à porter un appareil respiratoire offrant un facteur de protection NIOSH APF de 50 (voir le tableau 1 : Exigences en matière de respirateurs);
  • les personnes chargées du nettoyage de la poussière qu'engendre le décapage par projection d'abrasifs devraient elles aussi porter un appareil respiratoire offrant un facteur de protection NIOSH APF de 50 (tableau 1 : Exigences en matière de respirateurs).

En cas de décapage par projection d'abrasifs, il convient d'entourer l'endroit où cette activité se déroule de barrières ou de la confiner à un espace partiellement, voire entièrement, clos, afin d'empêcher l'exposition des autres travailleuses et travailleurs à la poussière chargée de silice et d'éviter que la poussière ne se propage à d'autres aires de travail.

6.4.1 Les barrières et les espaces partiellement ou entièrement clos

Les barrières et les espaces partiellement, voire entièrement, clos permettent de séparer une aire de travail du reste d'un chantier et, dans certains cas, d'empêcher l'exposition à la silice des autres travailleuses et travailleurs qui ne participent pas directement à l'activité génératrice de poussière. Le recours à des espaces entièrement ou partiellement clos peut aussi prévenir ou réduire la dispersion de la silice dans l'aire de travail alentour et dans l'environnement. La pose de barrières est une solution à n'envisager que s'il n'est pas possible d'aménager un espace entièrement ou partiellement clos.

Les barrières

Les cordons ou barrières n'empêchent pas la poussière chargée de silice ni d'autres contaminants de se répandre. Leur utilité consiste à limiter l'accès à l'aire de travail où la poussière est engendrée par les personnes autres que celles qui sont protégées comme il se doit par un équipement de protection individuelle et qui participent directement à la tâche génératrice de poussière. Il s'agit de placer les cordons ou barrières aussi loin de l'endroit où la tâche se déroule que nécessaire pour qu'il n'y ait plus de poussière en suspension dans l'air au-delà de la limite ainsi démarquée. Faute de pouvoir procéder de la sorte, il s'agit de placer des pancartes d'avertissement à la distance où la poussière cesse d'être en suspension dans l'air et se dépose, à l'effet que l'accès à l'aire de travail est réservé aux personnes portant un équipement de protection individuelle. Dans le cas de tâches telles que le découpage et l'enlèvement de mortier, il s'agit de placer des cordons ou barrières à 10 mètres de distance, par exemple. Les travailleuses et travailleurs circulant à l'intérieur de l'aire ainsi délimitée doivent toujours porter un équipement de protection adéquat.

Les espaces partiellement clos

Les espaces qui ne sont que partiellement clos laissent passer une certaine quantité d'émissions dans l'atmosphère à l'extérieur. Un espace partiellement clos peut être aménagé à l'aide de bâches verticales et horizontales comme pans d'isolation, en autant que leurs bordures se chevauchent et soient solidement attachées. Lorsqu'une tâche engendre une quantité importante de poussière, le recours à un espace partiellement clos pour tenter de la confiner est déconseillé.

Les espaces entièrement clos

Les espaces entièrement clos sont aménagés grâce à des bâches généralement imperméables, avec des ouvertures et des fixations des pans d'isolation parfaitement étanches. Les espaces entièrement clos ne laissent passer qu'une quantité minime d'émissions de poussière fugitive vers l'extérieur, voire aucune.

Il est recommandé que les espaces clos répondent aux critères ci-après.

En particulier, si, tel qu'indiqué ci-dessus, il y a lieu de confiner l'exécution d'une tâche de catégorie 3 dans un espace entièrement clos, l'espace en question devrait répondre aux critères ci-dessous :

  • les entrées de l'espace clos sont des sas recouverts de bâches se superposant partiellement ou munis de portes;
  • l'espace clos est soutenu par une charpente solide;
  • toutes les fixations des pans d'isolation sont parfaitement étanches;
  • l'échappement d'abrasifs et de débris est prévenue, aux points d'adduction d'air neuf, au moyen de déflecteurs, de louvres, de clapets et de filtres;
  • une ventilation mécanique générale est prévue pour éliminer l'air contaminé de l'espace clos et le remplacer par de l'air neuf;
  • l'espace est maintenu en dépression par rapport à l'air extérieur;
  • les appareils utilisés pour la ventilation sont équipés de filtres garantissant une qualité de l'air conforme aux normes environnementales en vigueur dans la province;
  • la vélocité de l'air à l'intérieur de l'espace clos crée pour chaque personne qui exécute des tâches de décapage par projection d'abrasif un courant d'air horizontal ou descendant équivalent au minimum à:
    • une vélocité de 30 m/minute (100 pieds/minute) pour le courant d'air horizontal;
    • une vélocité de 15 m/minute (50 pieds/minute) pour le courant d'air descendant.

Les espaces clos aménagés dehors devraient par ailleurs répondre aux critères suivants :

  • les pans d'isolation sont faits de matériaux qui résistent au vent et qui sont imperméables à la poussière;
  • l'espace clos est soutenu par une charpente qui ne bouge que très peu.

Les tâches accomplies dedans

Lorsque des tâches de décapage par projection d'abrasifs se déroulent dedans et que des personnes autres que celles chargées de ces tâches risquent d'être exposées à de la poussière contenant de la silice, il y a lieu de séparer l'espace où se déroule le décapage par projection d'abrasifs du reste du chantier par l'aménagement d'un espace clos permettant de confiner la poussière à l'espace en question. Après achèvement d'un décapage par projection d'abrasifs effectué dedans, il importe de nettoyer et d'enlever la poussière et les déchets à l'aide d'un aspirateur équipé d'un filtre HEPA, d'un balai-serpillière ou encore, après avoir mouillé les déchets, à l'aide d'une pelle.

Les tâches accomplies dehors

Lorsque des tâches de décapage par projection d'abrasifs se déroulent dehors et que des personnes autres que celles chargées de ces tâches risquent d'être exposées à de la poussière contenant de la silice, il y a lieu d'empêcher la pénétration de ces autres personnes dans l'espace de travail en séparant celui-ci du reste du chantier à l'aide de cordons ou de barrières placées à 25 mètres au moins de l'endroit où se fait le décapage par projection d'abrasifs.

Dans l'éventualité où il serait impossible d'installer de tels cordons ou barrières à 25 mètres au moins de l'espace où se déroulent des tâches de décapage par projection d'abrasifs, l'employeur veille à séparer les tâches en question du reste du chantier en les isolant dans un espace clos de manière à y confiner les poussières.